Je ne vous raconterai pas comment s'est passée ma naissance parce que tout le monde s'en moque, moi y compris. Je vous raconte plutôt ma vie à partir de mes années lycée. Je n'avais pas beaucoup d'amis, dans ce lycée d'Angleterre. Je passais mon temps sur les livres, à étudier, et à vouloir en savoir toujours plus. Un vrai rat de bibliothèque. Mes chers parents, que Dieu les garde, ont été tellement fiers lors de la remise de mon diplôme. Nous n'avons été qu'entre nous pour le fêter, étant donné mon manque d'amis. Mais j'ai très bien vécu de ma solitude. Je n'allais pas perdre mon temps avec ces imbéciles qui n'arrêtent pas de parler de filles et de football, voyons ! A l'âge de 22 ans, j'avais décidé de partir faire le tour du monde pour agrandir mon savoir. En leur disant au revoir, je ne me serais jamais douté que ça allait être la dernière fois que j'allais les voir. J'ai appris que quelques mois plus tard, ils sont morts dans un incendie involontaire. Tous les jours, j'ai une pensée pour eux. Que penseraient-ils de leur créature de fils ? Pas quelque chose de superbe, en tous cas ... Et c'est en marchant dans les rues de Finlande qu'une bande de jeunes drogués, du moins, c'est ce que j'avais pensé en les voyant, arrive vers moi, avec la ferme intention de me racketter. Ils m'avaient tendu une embuscade et il était impossible pour moi de m'échapper. J'avais eu à peine le temps de tourner le visage loin d'eux pour regarder alentour si quelqu'un passait qu'il s'est jeté subitement sur moi, le chef de la bande. Le plus costaud. Ce que j'en ai retenu est la douleur aïgue que j'ai ressentie au niveau de mon cou. Possédé par son sadisme, le chef tend vers moi son bras ensanglanté, tout en riant de son rire bien sinistre. Comme s'il savait ce qui alait se passer. Inconsciemment, je jette ma bouche sur le sang coulant et j'en absorbe une bonne partie. Je ne contrôlais plus rien, il ne régnait en moi que cette envie folle de ce liquide. Comme un besoin vital. Il a vite arraché son bras de mon étreinte et d'un coup de coude sur le crâne, il m'assomme, partant avec sa bande et me laissant là, comme un chien abandonné. Tout ce dont je me rappelle à mon réveil est que je n'avais plus les mêmes vêtements, j'étais allongé sur un lit bien trop dur pour être confortable, dans cette pièce d'hôpital. Depuis, j'habite ici, l'on pourrait dire, dans cet hôpital en Finlande. Je ne sais pas de quoi demain est fait. Mais je sais désormais que je fais partie de la même race que ces jeunes drogués. Je voudrais mourir, quelquefois. C'est pourquoi je ne veux plus toucher à aucune nourriture et ne surtout rien boire. Forcément, ce besoin vital en moi avale en deux trois gorgées le sang que l'on m'apporte. Je me déteste dans ces moments là. Cette bête que je suis devenu ne ressemble en rien à Mike Miller, homme diplômé voulant faire le tour du monde. Je me hais. Je ne suis pas non plus dépressif à avoir des idées noires dès le réveil arrivé, mais j'aimerais tellement retrouver ma vie d'avant. Il n'existe aucun remède. Mince alors ! Je n'aurais jamais dû quitter ma chère Angleterre ! God save The Queen ...